Lundi 16 novembre 2015 : Mon
quotidien est international : ce matin, un Anglais, puis une
Américaine ; cet après-midi, j’ai aussi 1h30 avec un Allemand. Demain
matin, une Ukrainienne, re l’Américaine, puis un Italien avant les 44 étudiants
de mon cours à l’université, soit 19 nationalités. Riche, coloré car ce sont
tellement de teintes, de nuances, de différences. Certaines dates nous
rapprochent cependant. Et même si notre perception en a été différente, tout le
monde (au sens aussi du monde entier) sait ce qu’il a fait le 11 septembre
2001, dans une moindre mesure (surtout les Anglais) le 31 août 1997, le 9
novembre 89 (surtout les Allemands), le 7 janvier 2015. A l’exception du 9
novembre, rien que des drames. A cette liste, on peut ajouter désormais le 13
novembre 2015. Alors là aussi, en parler, pouvoir en parler en français,
comprendre les médias, les gens autour de soi qui ne peuvent parler de rien d’autre,
comprendre les réactions, croiser les regards. Etat d’urgence, bataclan,
fusillade, prise d’otages, assaut, des mots bien pauvres pour dire l’indicible.
Pauvre aussi A. qui voit s’allonger la liste des mots imprononçables pour un
palais anglophone. C’en était assez des fauteuil, écureuil, feuille, accueil,
incontournables dans son quotidien. Désormais, deux viennent ajouter à l’atroce
situation qui les lui fait découvrir la hantise de leur prononciation :
deuil et recueillement.