l'écharpe



Crise chez A. : elle n’aime pas l’écharpe de son mari. Est-ce parce qu’elle est trop courte ou la manière dont il la porte ? Toujours est-il, qu’aux yeux de sa femme, il a l’air d’un clown, opinion que partage sa fille  au point que cette dernière lui a demandé ce matin de ne pas l’accompagner jusqu’à l’école de peur que ses copines se moquent de lui. Quand on sait que la fille en question n’a que 8 ans, on se dit que cette écharpe et son propriétaire doivent être une sorte de non-sens vestimentaire, une insulte à la mode.
Si quelquefois les sujets d’actualité brûlante ou m’apparaissant comme tels ne tiennent pas leurs promesses de richesse d’échanges, d’autres par contre s’invitent dans la conversation et nous ouvrent des horizons interculturels insoupçonnés : ainsi cette  écharpe qui nous amène à une petite visite sur le site de Hugo Boss pour comprendre que les 3 tailles annoncées correspondent en fait aux tour de poitrine, tour de taille et tour de hanche et non pas à différentes longueurs d’écharpes. Du coup, j’en viens à parler de la prochaine vente d’usine chez M. qui a lieu dans 2 semaines et qui réunit, deux fois par an, au milieu du tout Lyon, tout ce que j’ai comme apprenants, alternative, économiquement déjà, intéressante à H.B. C’est alors que A. me révèle le vrai fond du problème : l’écharpe, cet accessoire indispensable de la mode féminine et masculine de ce côté-ci de l’Atlantique, n’en est pas un en terre états-unienne. Elle me raconte alors sa surprise face aux propos de la maîtresse, scandalisée d’une telle négligence parentale, l’enjoignant à la rentrée d’équiper sa fille d’une écharpe. Et aussi le périple d’un ami états-unien « visitant l’Europe » et envoyant, époque oblige, des selfies de lui devant la Tour Eiffel, le Palais des Papes, Fourvière, Saint-Pierre de Rome, la Sagrada Familia. Il n’a reçu pour tout commentaire que des remarques portant sur l’écharpe qui ceint son cou sur chacune des photos : le port de l’écharpe, rare pour la gente féminine outre-Atlantique, est paradoxalement une marque ostensible de féminité chez un homme.
Comme quoi la mondialisation a ses limites. A moins que A. n’arrive à importer cette mode française dans son pays natal. Ce dont je la crois capable quand je vois la détermination et le succès qu’elle a eus à rendre accro de jelly bins tout le département marketing de sa société.